Le tissage Kani (Kanikar dans la langue locale du Cachemire) est peut-être la technique la plus originale de fabrication de châles du Cachemire, issue du tissage textile commun au Proche-Orient, les techniques et les compétences ont été considérablement améliorées par les fabricants de châles.
Associé à des motifs riches, des palettes de couleurs et des créativités, le tissage Kani a acquis la réputation d'être l'un des le tissage le plus magnifique et le plus sophistiqué dans l'histoire du textile.
On utilise ici un métier à tisser à main, semblable à ceux utilisés pour les châles pashmina tissés à la main, mais au lieu d'utiliser une navette pour transporter les fils de trame, on utilise des tujis (ou toji, un petit bâton en bois ou en bambou aiguisé aux deux extrémités).
La chaîne des châles Kani, comme les autres châles tissés, existe en 3 dimensions : 75cm, 100cm et 135cm, ce qui permet de réaliser respectivement des étoles, des châles taille femme et des châles taille homme.
Le tuji est un petit bâton utilisé pour transporter les fils colorés lors du tissage Kani. Il est généralement fabriqué à la main dans un bois spécial (parfois du bambou), affûté aux deux extrémités et poli en surface (voire huilé) pour faciliter le passage de la chaîne.
Selon la complexité des motifs et des couleurs, la quantité de tujis utilisés pour un châle Kani peut varier de plusieurs dizaines à plusieurs centaines.
L'artiste passe chaque tuji dans la chaîne, en comptant le nombre de fils à croiser. Plus le motif est détaillé, plus il faut utiliser de tujis.
Un plan (Naska) du spécimen du châle est d'abord dessiné sur papier, où sont représentées des fleurs de différentes couleurs. À partir de ce plan, la chaîne est posée sur le métier à tisser selon le nombre de nals (paires de fils) requis.
En règle générale, le tableau de conception montre une partie du motif principal, qui doit ensuite être répété horizontalement et verticalement, conformément aux instructions données.
Le tissage Kani est pourtant le type de travail le plus sophistiqué, un travail qui nécessite des compétences hautement qualifiées, mais surtout beaucoup de patience et de soin.
« Un maître n'est jamais formé, mais pratiqué et médité pour le devenir »dit l'un de nos tisserands Kani.
Un fait intéressant L'artiste travaille sur l'envers du châle, car la méthode de tissage nécessite un blocage constant des fils de trame lorsqu'ils tourbillonnent dans la chaîne.
Durant le processus de tissage, le travail est souvent vérifié par des artistes expérimentés afin de garantir que les couleurs sont bien reproduites et que les lignes sont lisses et nettes. Les châles Kani sont souvent tissés serrés ou semi-serrés pour garantir une utilisation durable. Un bon tissage doit être doux, lisse et résistant.
Comparé aux châles brodés, le tissage Kani est une technique fastidieuse et chronophage. Autrefois, lorsque les châles tissés étaient plus populaires, il était courant que deux ou trois tisserands travaillent sur un même châle afin de réduire le temps nécessaire à la réalisation d'un motif complexe.
Même si les modèles modernes sont plus simplifiés, il faut en moyenne 2 à 4 mois pour tisser un châle Kani Palla (demi-Kani) assez standard avec des motifs floraux :
Il n’est pas difficile d’imaginer qu’un châle Kani Jamawar (à motif intégral) comme celui-ci prendra 6 à 8 mois et environ plus de 200 tujis à réaliser.
Au fil des années, les chercheurs occidentaux, les experts en textile et les visiteurs ont documenté leurs découvertes sur le tissage Kani, témoignant des compétences artistiques et de la créativité autrefois glorieuses des artistes cachemiris.
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« L’art patrimonial est le nouveau style ».
L'Atelier H
